Si le “Document MFAO” n’a pas fait une conclusion parce qu’il s’agit d’une proposition ouverte, il importe de souligner quelques idées à la fin de cette présentation cursive.
Le 12ème dialogue et l’APG avaient engagé le pays dans un nouveau processus politique avant même la fin de la rédaction du document. On estime qu’il s’agit là d’un processus transitoire qui prendra fin avec les prochaines élections législatives.
Impuissant à résoudre les problèmes essentiels à la base de ce qu’il est convenu d’appeler “la crise togolaise”, le dialogue s’est déchargé, à travers l’APG, de tous ces problèmes sur l’Assemblée qui sera issue de ces élections. Cette Assemblée aurait, dit-on, vocation à faire les réformes nécessaires devant engager définitivement le pays dans l’ère de la démocratie ! Il faut souligner avec insistance que cette assemblée n’est pas encore élue, et qu’on n’en connaît donc pas la composition. Ce fait ne semble pas avoir posé de problème aux partis du courant majoritaire de l’opposition.
Et pourtant, au-delà du discours politique, tout ce qui se passe depuis la mise en place du Gouvernement dit d’union nationale montre bien que le régime despotique militaire continue de détenir la réalité du pouvoir sur la base des institutions qu’il a mises en place pour cela depuis 1996. Les partis qui collaborent avec le RPT dans ce Gouvernement sont totalement impuissants à faire quoi que ce soit, sauf à apporter quelques solutions techniques qui, en dernière analyse, arrangent plutôt l’image de Faure et de ses collaborateurs.
Rien n’a donc changé dans le fond, comme en réalité dans la forme aussi. On n’a même pas besoin d’ouvrir les yeux pour s’en rendre compte. Les conducteurs de taxi le savent bien dans les rues de Lomé. Les grands routiers et autres conducteurs de gros véhicules aussi partout dans le pays. Il en est de même des passagers qui traversent les multiples points de contrôle créés sur les routes. Le racket sur les postes frontières est toujours aussi florissant…
Ce sont là certaines des manifestations de l’oppression qu’exerçait le vieux régime d’Eyadema sur le petit peuple. Elles se poursuivent.
Sur un plan plus politique, on a vu le choix des membres de la Cour constitutionnelle par l’Assemblée dominée par le parti du pouvoir (le RPT). Et l’on peut multiplier les exemples qui prouvent que le système est resté en fait le même ; que l’appareil répressif est resté intact, prêt à fonctionner à nouveau comme hier si le régime en sent le besoin ; la gestion du bien public est resté la même ; le dénigrement de l’Opposition se poursuit ; les mécanismes de la fraude et du tripatouillage des résultats des élections demeurent… Au total, dans les faits, les mesures et les comportements qui donnent le sentiment que “ça change” ne sont que des produits cosmétiques à usage externe et pour flouer l’opinion intérieure.
L’APG bidouillé par le RPT et le CAR fait partie de ce montage. Il ne peut conduire qu’à des élections, elles-mêmes bidouillées au profit du système en place, malgré les “Kits” et autres appareillages du même genre. Bien entendu, on procédera avec beaucoup plus d’intelligence que par le passé. Mais dans tous les cas, l’Assemblée qui sera issue des législatives en vue, ne parviendra pas à réaliser le changement démocratique.
Les propositions faites par le “Document MFAO” restent donc d’actualité. La démocratie ne peut s’instaurer au Togo et le pays progresser que s’il y existe une véritable opposition, véritable parce que portée par une organisation de masse et une stratégie d’action conséquente.
En conséquence, la CDPA-BT en appelle à tous les partis de l’Opposition démocratique, à toutes les organisations associatives qui refusent d’entrer dans la logique politique initiée par l’APG, et à toutes les personnes qui aspirent à un vrai changement politique dans le pays, d’accepter de se mettre ensemble pour réaliser ensemble le MFAO, afin d’en faire ensemble un support vivant pour l’action politique en vue du changement démocratique.
Il est vital pour le pays qu’une opposition crédible existe sur la scène politique après les prochaines élections pour continuer le combat pour la démocratie. C’est aujourd’hui qu’il faut commencer à construire cette opposition.
Dans un régime de dictature, la démocratie ne vient ni d’élections forcément bidouillées, ni de dialogues montés pour flouer, ni de fricotages de toutes sortes avec le régime oppresseur.
La démocratie vient d’une pulsion du peuple résolu à se libérer de l’oppression pour transformer ses conditions de vie.