Communique de presse après une année du 4ème mandat de Faure Gnassingbe

1– Les élections du 22 février 2020 se sont déroulées dans les conditions que l’on sait désormais. Ces conditions et les résultats prévisibles du scrutin avaient poussé la CDPA-BT à recommander à ses membres, à ses sympathisants et à tous ceux qui n’ont pas confiance dans ce scrutin de pratiquer au cours de la campagne électorale le boycott actif comme stratégie d’action en expliquant chacun autour de lui pourquoi l’opposition doit s’abstenir de participer au scrutin trompe-l’œil. Les élections eurent lieu malgré tout avec la participation de partis d’opposition dans les rivalités habituelles pour le pouvoir. On a vu les résultats.

2– Nous avons suivi attentivement l’évolution de la situation au cours de cette première année de la période postélectorale. Nous nous sommes gardés de prendre position sur quoi que ce soit pour éviter de donner le sentiment de déranger les certitudes au sein de l’opposition. Maintenant que la situation semble commencer à se décanter et que les yeux commencent à s’ouvrir, nous prenons la décision d’intervenir dans le débat pour faire quelques constats et formuler quelques interrogations.

3– Ces constats et ces questionnements susciteront tout naturellement des agacements et des réprobations de toute nature, et que notre parti s’entendra dire « qu’est-ce que vous avez fait, vous ». Mais l’importance du problème politique togolais ne nous permet plus de continuer de garder le silence. Elle nous impose au contraire de prendre le courage de rentrer dans le débat politique postélectoral, maintenant que les tensions et les affrontements qui ont agité la mouvance de l’opposition tout au long de cette année commencent à donner le sentiment de s’apaiser.

4– Plus que les présidentielles précédentes, les élections du 22 février 2020 ont posé de très graves problèmes au sein de l’opposition. Le régime despotique se maintient comme c’est prévisible. En conséquence, la lutte pour le changement démocratique doit continuer sans relâche. Ce n’est donc pas le moment de ménager les susceptibilités pour faire plaisir à quiconque. Il est maintenant indispensable de confronter les idées et les pratiques politiques sans ménagement, mais avec une grande ouverture d’esprit, un souci aigu de vérité, de sincérité et d’honnêteté intellectuelle, le tout évidemment dans un climat empreint de la plus grande civilité et de la plus grande courtoisie possibles.

5– Comme il convient de le réaffirmer, le déroulement du processus électoral a produit une foule de faits, et suscité un grand nombre d’interrogations. C’est une de ses particularités par rapport aux présidentielles précédentes. A partir du moment où les candidats opposants n’ont pas « arraché l’alternance pour le peuple » comme on dit, il est important de faire un inventaire de ces faits et interrogations, de les analyser ensuite dans le détail et en profondeur, dans le but d’en tirer des leçons utiles pour une meilleure poursuite de la lutte d’opposition.

6– Il n’est pas possible de faire ce travail dans le cadre de ce communiqué. Aussi, allons-nous nous contenter de relever, à titre indicatif, quelques-uns de ces faits et questionnements, ne serait-ce que pour montrer l’intérêt et la délicatesse de cette démarche incontournable. Le processus électoral a permis une fois encore au régime de se proclamer vainqueur contre la volonté populaire. L’opposition est allée aux élections une fois de plus en rang dispersé. Le pays s’est retrouvé encore plus que jamais en situation de revendiquer « la victoire du peuple ». On commence à reparler de « transition » comme si on n’en a jamais parlé comme solution pour « sortir de la crise ». Le rapport des forces continue d’être gravement en défaveur de l’opposition. En fin de compte, l’opposition est sortie de ce scrutin du 22 février non pas grandie mais plus fragilisée que jamais…

Faut-il continuer indéfiniment d’aller à des élections pipées d’avance ? Le citoyen togolais a-t-il le droit ou non de boycotter des élections qui maintiennent indéfiniment le régime politique contre lequel il s’est insurgé en 1990 ? Ce régime est-il devenu démocratique ? Les candidats opposants ont-ils « arraché l’alternance pour le peuple » comme on continue de le répéter ? L’ingérence tonitruante du fait religieux dans le processus électoral a-t-elle résolu le problème politique togolais ? N’y a-t-il pas dans un parti politique normal une procédure politique pour choisir celui qui doit le représenter à une élection présidentielle ? Le choix d’Agbeyomé Kodjo comme candidat de l’opposition est-il transparent, démocratique ? Agbeyome Kodjo a-t-il été dans la réalité le « candidat unique consensuel de l’opposition » ?…

7– La liste des problèmes engendrés par le processus électoral du 22 février 2020 et les interrogations relatives au scrutin est très longue. A partir du moment où l’opposition n’a pas pu « arracher l’alternance pour 2020 », il importe de faire un inventaire réfléchi de ces problèmes et interrogations pour les soumettre à un débat dépassionné, afin d’en tirer des leçons utiles pour affronter les quatre années restantes de ce quatrième mandat de Faure Gnassingbe.

8– Cela suppose bien entendu une condition préalable : arrêter la fuite en avant désespérée dans des réprobations et des récriminations inutiles pour apaiser le climat au sein de l’opposition. Et surtout, cesser d’entretenir des illusions regrettables et les faux espoirs au sein de la masse des opposants pour éviter de l’enfoncer sans cesse dans le dépit et le découragement.

Lomé, le 02 mars 2021

Pour la CDPA-BT

Son Premier Secrétaire

Prof. E. GU-KONU

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