CDPA-BT : Mgr Brian Ngozi Udaigwe, un bouc émissaire?

 

Dans la recherche des solutions aux problèmes politiques togolais, les chemins empruntés par des partis politiques de l’opposition ne sont jamais identiques. Chacun cherche ainsi à donner un sens à sa stratégie. Quoi de plus normal ? Mais ce qui est insupportable, et qui ne fait avancer en rien la lutte pour la démocratie, c’est quand cette stratégie se fonde sur un répertoire de manipulations et de mensonges utilisé comme supports à la mobilisation pour la conquête du pouvoir politique.

Combien de fois n’avons-nous pas entendu dans cette compétition électoraliste des partis d’opposition dire, chacun, être le mieux placé pour la conquête du pouvoir ? Combien de fois n’avons-nous pas vu des partis politiques vendre des illusions, juste pour faire élire leurs candidats ? Et souvent, en cas d’échec, au lieu d’en tirer les conséquences qui s’imposent, ils cherchent des boucs émissaires. Les rumeurs sur le « limogeage » du Nonce apostolique Mgr Brian Ngozi Udaigwe sont une parfaite illustration de cette situation.

Après la nomination de Mgr Brian Ngozi Udaigwe, Nonce apostolique au Sri Lanka le 13 juin 2020, des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux faisant état de son «limogeage» par le Vatican. Ces rumeurs (non fondées selon la Conférence des Évêques du Togo) ont cherché à propager que le nonce apostolique chargé du Togo et du Bénin n’aurait pas su gérer la crise politique togolaise et que sa nomination au Sri Lanka serait « une sanction », et donc « un limogeage » et même une « déportation« .

Au point que la Conférence des Évêques du Togo a dû publier le 16 juin une mise au point pour déplorer que des «commentaires malveillants et de sources mal informées circulent sur les réseaux sociaux» sur la personne du Nonce et de sa mission au Togo. « Ces genres de rumeurs infondées, disent les évêques, font gravement entorse à la vérité et nuisent aux personnes, à la société et à notre pays». Ils précisent, que «Mgr Brian Udaigwe n’a pas été limogé, c’est-à-dire, n’a pas été renvoyé du service diplomatique, mais simplement nommé à une autre nonciature, la moyenne du mandat d’un nonce étant généralement de six ans».

Malgré ce démenti de la Conférence des Évêques, un média comme Tempo Afric TV, et les inconditionnels soutiens de la Dynamique Kpodzro sont revenus à charge pour qualifier de mensonge cette mise au point. Ils y voient des manœuvres tendant à faire taire Mgr KPODZRO, en fondant leurs argumentations sur les allégations du Prélat togolais. Ils laissent entendre que «lors de la visite d’une délégation des évêques conduite par Mgr Barrigah, ce dernier aurait, sur recommandation du Nonce apostolique, demandé à Mgr Kpodzro de cesser de faire la politique». Ces argumentations et ces insinuations sont peu convaincantes.

Dans tous les cas, limogé ou pas, le maintien ou l’affectation de Mgr Brian UDAIGWE ne change rien à la politique du pays et, encore moins, à celle du Vatican en tant qu’État souverain. Et les élections présidentielles au Togo ne peuvent non plus modifier en rien l’agenda du Vatican. Il est donc inutile de chercher en la personne du Nonce apostolique un bouc émissaire à l’échec de la Dynamique.

Mgr Brian UDAIGWE affecté au Togo, Bénin et au Nigéria n’avait pas pour mission de gérer des crises politiques au point que le Pape lui reprocherait « sa mauvaise gestion » de la situation pré et post électorale du 22 février 2020 au Togo, comme tente de le faire croire Tempo Afric TV, un média de la diaspora. C’est aux Togolais seuls de régler leur problème politique ; ce n’est pas de la compétence du Vatican, encore moins, de celle d’un Nonce apostolique, ni d’un diplomate des USA à la retraite. On ne peut pas demander à la communauté internationale de régler le problème togolais à la place des Togolais eux-mêmes.

Dans tous les cas, nous ne pouvons pas compter sur ladite communauté internationale, encore moins sur la Conférence des Évêques ou sur un quelconque évêque, quel que soit son charisme, pour obtenir une alternance en 2020 dans le pays. La question du changement démocratique n’est pas un problème de personne, encore moins celui d’une famille. C’est une question de rapport de forces. Et il faut construire ce rapport de forces.

C’est pour ces raisons que la CDPA-BT a toujours dit que tant que des partis politiques refuseront de travailler ensemble pour renverser le rapport de forces en faveur de l’opposition, les Togolais ne parviendront pas à réaliser le changement démocratique. On ne change pas la nature d’un régime de dictature par des insinuations et par un tissu de mensonges, ou en cherchant des boucs émissaires.

La CDPA-BT estime que la manière dont la Dynamique Kpodzro a participé à ces élections du 22 février 2020 a fait plus de tort que de bien à la lutte en cours pour la démocratie. Elle a divisé et affaibli l’opposition; elle a divisé la société entière; elle a divisé l’Église catholique et d’autres organisations religieuses.

La CDPA-BT continue de penser que la participation du candidat de la Dynamique et des autres candidats à cette bataille électorale pour le pouvoir tout de suite, a fait plus de tort à l’ensemble de l’opposition.

Fait, en Allemagne le 10 juillet 2020

Awute Komla

Un militant de la CDPA-BT

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