POUR L’HISTOIRE, UN COMPAGNON DE LUTTE

 

SALAMI Abdoulaye, Secrétaire général de la CNTT ?

 

Nous avons perdu notre ami Salami Abdoulaye le 2 juillet 2023. Que la terre lui soit légère.

Qui parle de Salami Abdoulaye, parle forcément de Toovi Innocent, de Bassah Seth, de Sassou Bertin, de Gayibor François…, tous des icônes du syndicalisme togolais et de la lutte syndicale au Togo.

Tous ces hommes et bien d’autres encore furent membres d’un même syndicat, plus connu dans le pays sous le sigle symbolique de l’UNTT, à savoir l’Union Nationale des Travailleurs du Togo.

Sigle absolument symbolique du fait du combat singulier mené par ce syndicat aux côtés du CUT (Comité de l’Unité Togolaise) et de la JUVENTO (Justice, Union, Vigilance, Éducation, Nationalisme, Ténacité, Optimisme), les deux partis politiques nationalistes qui se sont alliés pour organiser la population et conduire la lutte anticoloniale à la victoire du 27 avril 1958.

Contrairement aux partis politiques, l’UNTT et d’autres organisations syndicales ont survécu au coup d’État militaire du 13 janvier 1963. Les hommes dont il est question plus haut ont pris la relève des anciens responsables de l’UNTT dans des conditions sociopolitiques on ne peut plus difficiles. Salami notamment a ainsi été élu un certain nombre de fois Secrétaire général de l’UNTT dans ces conditions-là, au vu et au su de tous ceux qui s’intéressaient tant soit peu à la vie syndicale à l’époque.

Les relations entre le régime et les dirigeants syndicaux avaient toujours été fort tendues pendant cette période. Ceux de l’UNTT en particulier. Leurs responsables étaient surveillés tout le temps, comme du lait sur le feu. La création du RPT le 30 août 1969 a durci les rapports de part et d’autre.

L’UNFT (Union Nationale des Femmes du Togo) est devenue une « aile marchante » du RPT. Les associations de la société citoyenne sont regroupées sous le nom de la JRPT pour devenir, elles aussi, une « aile marchante » du RPT. Il ne restait plus que les organisations syndicales. Mais elles n’attendront pas longtemps.

En décembre 1972 le régime décrète la dissolution des syndicats, et il fait réunir un congrès en janvier 1973. Dans un climat plus que houleux, le congrès crée un nouveau syndicat sous le nom de la CNTT (la Confédération Nationale des Travailleurs du Togo). Nangbo Barnabo (Secrétaire général du syndicat des banques, syndicat-membre de l’UNTT) devient Secrétaire général de la CNTT jusqu’à sa mort.

Sous la direction de Nangbo Barnabo, la CNTT aussi devient une « aile marchante » du RPT, le syndicat unique du Togo et, bien entendu, en fait, un syndicat-État comme le parti. Le but est atteint : « …Tous dans la même direction ; …tous dans le même creuset ».

Si nous avons fait ces petits rappels, c’est parce que nous avons lu sur le fairepart de Salami Abdoulaye avec effarement et une pointe d’indignation que ce syndicaliste togolais aurait été le Secrétaire général de la CNTT, la Confédération nationale des Travailleurs du Togo ! Et nous sommes affligés de constater qu’aucune organisation syndicale n’ait réagi à cette énormité historique !

A La CDPA-BT, nous ne pouvons pas laisser une tache aussi grossière sur le visage de Salami pour la postérité. Elle ne fait pas honneur au syndicalisme togolais. Salami a toujours été militant de l’UNTT toute sa vie. Il a été plus d’une fois élu Secrétaire général de l’UNTT. Il n’a jamais été Secrétaire général de la CNTT.

Lomé, le 29 Juillet 2023

Pour la CDPA-BT

Le Premier Secrétaire

Prof E.Gukonu

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