COMMENT L’OSC ET DES PARTIS LABOURENT LE CHAMP DE L’UNIR

Nous étions prêts à mettre cet article en ligne quand nous avons appris qu’un communiqué du Gouvernement vient encore de reporter la date des élections régionales et législatives. Vous savez que ce scrutin fut initialement prévu pour le 13 février 2024.]

Les Togolais se préparent pour les élections régionales et législatives cette année. A cet effet, un décret présidentiel a été publié le 8 février 2024 convoquant le corps électoral pour les prochaines élections législatives et régionales d’abord pour le 13 avril 2024, puis reporté au 24 avril 2024.

Aussitôt le décret publié, la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) a lancé un appel à candidatures pour inviter les partis, les regroupements politiques et les candidats indépendants à déposer leurs dossiers à partir du lundi 19 février jusqu’au mercredi 28 février 2024 à minuit. Dans la foulée, l’Assemblée nationale porte le nombre de députés de 91 à 113. Et tout se passe sur fond de contestation générale d’une opposition atomisée.

Malgré la réprobation générale suscitée par l’irrégularité de la procédure, des organisations de la société civile et des partis politiques du courant majoritaire de l’opposition se bousculent au portillon pour participer à ce scrutin joué d’avance.

C’est ainsi que, dans un communiqué commun publié le vingt-cinq février 2024, douze organisations de la société civile (OSC) appellent à « ne pas boycotter les législatives et les régionales d’avril 2024 ». Cet appel intervient alors que, en même temps, les OSC, des partis et des groupements de partis dénoncent les conditions d’organisation de ces élections, à savoir :

1- l’opacité du processus électoral,

2- l’illégitimité des députés dont le mandat électif a expiré depuis fin décembre 2023,

3- l’irrégularité du découpage électoral et de la composition de la CENI,

4- L’anticonstitutionnalité du décret présidentiel du samedi 24 février reportant le scrutin du 13 au 20 avril.

Les partis et les organisations de la société civile estiment, à juste titre, que le décret du 24 février viole la loi fondamentale, et que le mandat électif des députés a expiré depuis décembre 2023, comme le prévoyait le calendrier électoral.

Par ailleurs, l’OSC rejointe par certains partis, conteste la légitimité de l’Assemblée nationale, tout comme celle du gouvernement actuel, qu’ils jugent « dénués de toute légitimité pour organiser les élections législatives et régionales du 20 avril 2024 ».

Pour avoir dénoncé tout ce processus organisant une mascarade électorale, comment comprendre, comme dit l’un des représentants de l’OSC, que « le pouvoir, veut organiser les élections législatives et régionales prochaines dans un désordre absolu » mais qu’il invite l’opposition à y participer et surtout à « ne pas les boycotter » ?

Est-ce possible de participer à ces élections sans saborder le processus de changement amorcé depuis plus de trois décennies au Togo ? Et comment pourrait-on, dans une telle situation de désordre, penser gagner à ces élections jouées d’avance ?

Les Togolais s’en souviennent encore, comme depuis toujours, que le problème du Togo est que les élections, quelles qu’elles soient, sont toujours gagnées d’avance par le régime. Et à ce propos, il est bien clair, comme disait un chef d’État bien avisé, « qu’on n’organise pas les élections pour les perdre. » La leçon est bien comprise. En tous cas, c’est dans ce but qu’elles sont organisées au Togo. Alors, qu’est-ce que l’OSC et des partis ont-ils à gagner en participant à ces élections ? C’est cette question que des Togolais se posent.

Certes, les participationnistes gagneront quelques sièges de députés minoritaires dans un Parlement acquis au régime », mais ils ne réussiront pas à créer le rapport de force nécessaire pour peser sur les débats au sein de l’hémicycle et dans le pays. Ils se rendront ainsi complices de toutes décisions prises, et leur participation consolidera le pouvoir en le faisant passer pour un régime démocratique.

La CDPA-BT estime que l’une des caractéristiques surprenantes de cet appel à « ne pas boycotter le scrutin » est la volonté affirmée et assumée du courant dominant de l’opposition de légitimer le régime et ses institutions au détriment du changement démocratique. Cela ne souffre d’aucune ambiguïté ; il est donc irrecevable.

Quand on réfléchit plus profondément aux argumentations avancées pour justifier la participation à ces élections, l’OSC et des partis politiques veulent participer au scrutin quoi qu’il en coûte, autrement dit, même si les conditions d’organisation du vote consolident le régime.

Ceux qui participent à ces élections ne peuvent pas faire abstraction de l’histoire électorale du Togo depuis 1956 jusqu’à ce jour. La CDPA-BT tient à faire remarquer qu’en 1956, les nationalistes réunis au sein du Comité de l’Unité Togolaise (CUT) avaient boycotté les élections de février 1956 au motif qu’elles étaient organisées dans des conditions irrégulières et de non-transparence pour maintenir le Togo toujours sous la domination la française.

Ce boycott avait permis aux nationalistes de mieux s’organiser pour gagner les élections de 1958. Cette victoire avait ouvert ainsi la voie à l’indépendance, et avait permis, six mois plus tard, la levée de la tutelle du pays par l’ONU, et l’indépendance du Togo le 27 avril 1960. C’est de ce point de vue que la CDPA-BT estime que l’appel des partis et organisations de la société civile n’est pas acceptable, quand on sait que ces élections sont organisées pour consolider le régime.

La CDPA-BT estime que la lutte pour le changement démocratique est une question de rapport de force qu’il faut construire. C’est pour cela, qu’elle recommande un boycott actif et constructif, c’est-à-dire un boycott accompagné d’actions destinées à organiser la masse de la population pour en faire une force politique capable de renverser la situation en faveur de l’opposition.

Fait à Paris, le 03 avril 2024.

Pour la CDPA-BT

Fédération Europe

& Amérique du Nord

E.ANOUMOU

 

 

 

 

 

 

 

La CDPA-BT estime que la lutte pour le changement démocratique est une question de rapport de force qu’il faut construire. C’est pour cela, qu’elle recommande un boycott actif et constructif, c’est-à-dire un boycott accompagné d’actions destinées à organiser la masse de la population pour en faire une force politique capable de renverser la situation en faveur de l’opposition.

Fait à Paris, le 03 avril 2024.

 

Pour la CDPA-BT

Fédération Europe

& Amérique du Nord

 

  1. ANOUMOU

 

 

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