Les organisations de la société civile togolaise et les élections du 20 Avril 2024

 

Dans un document daté du 20 février 2024, un regroupement de douze organisations de la société civile togolaise a pris des positions claires sur les élections régionales et les législatives dont la date est en fin de compte fixée par le régime sur le 20 avril 2024.

A la CDPA-BT, nous avons lu ce document important avec un grand intérêt. Une présentation du contexte socio-politique d’où il ressort sans ambiguïté que le régime n’est pas devenu démocratique et, qu’en conséquence, son fonctionnement met sans cesse la masse de la “population miséreuse” dans des conditions de vie de plus en plus catastrophiques.

La présentation est suivie d’une analyse d’où il ressort nettement que le système électoral est totalement verrouillé, comme d’habitude, et que les élections du 20 avril 2024 n’apporteront rien à l’opposition togolaise pour avancer dans sa lutte contre le régime despotique militaire comme les précédents scrutins organisés dans les mêmes conditions depuis 1993.

Cette impitoyable présentation du contexte politique et la fine analyse faite par les douze conduisent logiquement à quelques conclusions simples que tout le monde peut tirer, et dont nous en proposons ci-après trois :

1- Le régime politique togolais n’est pas devenu un régime démocratique. Il est resté depuis plus de 60 ans un régime despotique militaire soutenu par une armée dont la fonction essentielle dans ce contexte est la répression de la population, comme on vient encore de le voir ce 25 mars 2024.

2- L’opposition continue d’être divisée comme c’est le cas depuis les élections présidentielles de 1993.

3- Depuis 1993, le système électoral continue d’être verrouillé par le régime en place, ce qui n’a jamais permis à l’opposition de prendre le pouvoir depuis 30 ans.

Malgré cette situation de verrouillage total du système électoral, les douze décident qu’il “n’est plus question de boycotter […], ou d’encourager le boycott des prochaines élections” ; et ils appellent à la mobilisation générale derrière “l’opposition participante”, en demandant aux électeurs de “sanctionner massivement dans les urnes”, de “mouiller vraiment les maillots pour arracher la gestion du pays des mains nuisibles à son développement”.

Et pour terminer, les douze appellent “la CEDEAO, l’Union africaine, l’ONU, l’Union européenne, les USA, l’Allemagne, la France à œuvrer pour la protection des populations civiles dans l’exercice des libertés d’expression…”

La CDPA-BT n’est pas une organisation de la société civile. C’est un parti politique, un parti politique d’opposition. Sa direction est responsable devant les membres et les sympathisants du parti, mais aussi devant toute la masse du peuple opposant en lutte pour sa liberté et sa dignité.

La direction de notre parti est donc encore gênée dans cette situation où la confusion des genres tend toujours à l’emporter sur la clarté et la vérité. Que peut-elle bien dire si les membres et les sympathisants de l’organisation lui demandaient pourquoi elle leur recommande “d’aller mouiller le maillot” en sachant bien que le régime a toujours verrouillé le système électoral comme d’habitude, et toujours refuse de faire la réforme électorale que l’opposition n’a pas cessé de demander depuis 2003 ?

À la CDPA-BT, nous souhaitons en toute sincérité que les responsables des organisations de la société civile et “les partis participants” soient majoritaires à l’Assemblée et ailleurs. Nous les soutiendrons sans hésitation dans ce cas, s’ils se donnent dans ces institutions une politique de nature à commencer à faire sortir la masse du peuple opprimé des conditions de vie catastrophiques dans lesquelles la gestion du pouvoir d’État l’enfonce tous les jours.

Mais pour rester fidèle à la ligne politique adoptée par la CDPA-BT à son Congrès statutaire tenu à Koforidua (Ghana) du -1er au 3 mars 1991 et confirmé au Conseil national organisé les 17-18 février 2001 à Kpalime, nous attirons une fois de plus l’attention de  l’opposition togolaise sur le fait suivant: nulle part dans l’histoire, on n’a vu un peuple opprimé se libérer d’un régime d’oppression par des élections organisées par ce régime dans le but évident de continuer de se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire.

Fait à Lomé le 5 avril 2024

Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire
Prof E. GU-KONU

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