Devoir de mémoire

 

Il y a 45 ans était assassiné Ernest Ouandié

Exécuté sur la place publique à Bafoussam le 15 janvier 1971, en compagnie de Raphaël  Fotsing et de Gabriel Tabeu alias « Ouambo le courant », Ernest Ouandié est l’une des grandes  figures  emblématiques  de la lutte de libération nationale du Cameroun.
Ernest Ouandié était âgé de 47 ans lorsqu’il a été exécuté sur la place publique à Bafoussam le 15 janvier 1971. Il avait été auparavant  jugé et condamné à mort à  entre décembre 1970 et janvier 1971.  Lors d’une parodie de procès pour rébellion et complot devant le tribunal militaire de Yaoundé.  Avec plusieurs compagnons du maquis dont Raphaël Fotsing, Celestin Takala,  Tabeu Gabriel alias « Ouambo le courant », et Mathieu Njassep alias « Ben Bella ».  Mais aussi  l’évêque de Nkongsamba  de l’époque Mgr Albert Ndongmo.  Ce dernier sera ensuite condamné à perpétuité, puis gracié par le président Ahmadou Ahidjo. Ernest Ouandié fut contraint de se livrer à la police en août 1970 à Mbanga. Une sortie du maquis organisée avec le concours de Mgr Albert Ndongmo avait mal tourné.

Tous immortels
Secrétaire particulier d’Ernest Ouandié, Mathieu Njassep, qui souffrait au pied et portait tous les bagages fut le premier à être arrêté. Mathieu Njassep  fit de nombreuses années de prison et fut libéré  en1985. Ancien instituteur, ancien syndicaliste, ancien directeur de « La voix du Kamerun », ancien président du comité révolutionnaire, et ancien Vice-président national  de  l’Union des populations du  Cameroun(Upc), Ernest Ouandié,  alias « Camarade Emile »,  est la dernière  grande  figure assassinée du leadership historique de l’Upc. Après l’ancien secrétaire général de l’Upc Ruben Um Nyobé assassiné le 13 septembre 1958 dans son maquis de Boumnyebel. Après l’ancien président national de l’Upc  Félix Roland Moumié assassiné par empoisonnement au thallium le 3  novembre1960 à Genève, en Suisse.
Après l’ancien  1 er Vice-président national  de  l’Union des populations du  Cameroun(Upc) Abel Kingue mort des suites de maladie en exil  en 1964,  au Caire,  en Egypte. Après Castor Ossendé Afana assassiné  le 15 mars 1966 dans son maquis du sud-est  Cameroun.  Ossendé Afana  voulait concrétiser  le  «Deuxième Front» de lutte, après le front de l’Ouest commandé par Ernest Ouandié. Ce dernier  a été assassiné  le même jour et dans la même ville que  deux de ses  lieutenants. A savoir Raphaël Fotsing et  Gabriel  Tabeu alias « Ouambo le courant».  45 ans après cette disparition tragique marquant la décapitation totale de l’Upc historique, Ernest Ouandié et ses compagnons restent  tous immortels.

Libération du Cameroun du néocolonialisme
Alors qu’il vivait en  exil, Ernest Ouandié n’avait pas hésité  à retourner  dans le maquis après l’assassinat de Félix Moumié  pour  réorganiser  la lutte. A ses risques et périls. Il était engagé et déterminé dans le combat visant la libération du Cameroun du néocolonialisme et notamment des fantoches installés au pouvoir.  Modèle de nationalisme et de patriotisme,  ce combattant  à offert sa vie en  sacrifice pour  que le  Cameroun soit  un jour libéré de la domination des grandes puissances qui continuent d’exploiter ses ressources naturelles. S’il n’avait pas été assassiné, Ernest Ouandié aurait eu 92 ans cette année ! A son article 1 er alinéa 2,  la loi n° 91/022 du 16 décembre 1991 portant réhabilitation de certaines figures de l’histoire du Cameroun cite nommément comme étant réhabilités MM. Ahmadou Ahidjo, Ruben Um Nyobé, Félix Roland Moumié et Ernest Ouandié.
Quelles rues, quels monuments et édifices publics ?
Comment  dissiper tout préjuge négatif  sur  ces personnes si leurs noms ne sont  pas utilisés  pour  la dénomination d’importantes  rues,  des monuments et des édifices publics ?  Que vaut la rue Ruben Um Nyobé à Douala devant des avenues et boulevards portant les noms des Français ?  Qu’en-est-il pour  Félix Roland Moumié et Ernest Ouandié ?  Pourquoi  l’Etat ne prend-t-il pas en charge le transfert des dépouilles de Félix Moumié et d’Ahmadou  Ahidjo ?  L’article  3  de cette  loi est pourtant clair : «(1) Le transfert des restes mortuaires au Cameroun des personnes citées à l’article 1er ci-dessus, inhumées à l’extérieur du territoire national, peut s’effectuer à la demande de la famille ou de cujus, sous réserve de la dernière volonté du défunt et conformément à la législation du pays d’inhumation. (2) Les frais occasionnés par ledit transfert sont à la charge de l’Etat ».

Edmond Kamguia K
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-21955.html
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