Plus clairement, elle sait désormais que dans cette situation politique, si particulière au Togo depuis plus de 20 ans maintenant, il y a des élections qu’il faut avoir le courage politique de boycotter, si l’on veut vraiment faire avancer la lutte d’opposition pour la démocratie. Car, si des partis d’opposition continuent de participer à de telles élections, ils continuent simplement de faire le jeu du régime. Ils l’accompagnent dans sa volonté de se maintenir à tout prix au pouvoir contre la volonté populaire. Ils condamnent l’opposition à faire indéfiniment du surplace.
Ce faisant, ils compliquent la tâche aux partis qui s’efforcent de mener la lutte d’opposition pour réaliser les aspirations profondes de la masse des opposants, à savoir mettre fin au régime de dictature et réaliser le changement démocratique.
2– Un constat évident : aucune des élections législatives organisées par le régime depuis 1993-1994 n’a permis à la lutte d’opposition d’avancer. Au contraire, elles ont toutes offert au régime l’occasion de continuer de confisquer le pouvoir d’Etat au profit d’une minorité. C’est ce qui s’est passé jusqu’aujourd’hui.
Il est donc heureux d’entendre aujourd’hui les grosses pointures de la C14 proclamer qu’ils n’iront plus à ces genres de législative. On ne peut que s’en féliciter, avec l’espoir qu’ils ne se dédiront plus. En aucun cas.
3– Au demeurant, il faut rappeler que la revendication première formulée dans la rue par le peuple insurgé le 5 octobre 1990 n’était pas qu’Eyadema permette à l’opposition d’avoir des députés dans une Assemblée aux ordres du pouvoir despotique. La revendication première était la fin du régime d’oppression. Que ce soit le 5 octobre ou lors de la grève des conducteurs de taxi en février 1991 et plus tard, ce qui montait de la foule descendue dans la rue était bien « 20 ans, ça suffit », et non des élections quelles qu’elles soient.
Il convient de rappeler ces faits. Une opposition parlementaire minoritaire n’avait aucune chance de réaliser le changement démocratique auquel aspire la masse des opposants. Tout le monde conviendra de bonne foi aujourd’hui que les oppositions parlementaires, qui se sont succédées tous les 5 ans depuis 1994, n’ont concrètement pu rien faire à l’Assemblée pour le changement démocratique.
Ce dont l’opposition togolaise a plus que jamais besoin aujourd’hui n’est donc pas une opposition parlementaire figurative dans une Assemblée aux ordres du régime. Ce dont elle a besoin plus que jamais est une bonne organisation de la masse des opposants, pour rendre la lutte d’opposition plus efficace. Pour une opposition démocratique qui veut le changement, il y a quelque chose d’anormal à vouloir fonctionner dans des institutions et des structures créées par le régime pour se pérenniser.
4– L’idée de dialogue lancée par le régime en décembre 2017 et l’appel invitant la CEDEAO à venir opérer la « sortie de crise » pour les Togolais, ont provoqué une confusion politique sans précédent dans l’histoire de la Sous-région ouest-africaine. Le régime a voulu profiter de cette confusion pour imposer des élections législatives au pays le 20 décembre 2018, avec des méthodes et des pratiques inacceptables. Le but de ces méthodes et pratiques étant simplement d’arriver à continuer de se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire. De ce point de vue, les élections législatives du 20 décembre sont encore plus inacceptables que toutes celles qui ont précédé depuis 1994.
Des partis d’opposition avaient participé à ces élections en sachant bien qu’elles ne feront pas avancer la lutte d’opposition. Le prétexte mis en avant à chaque fois est « qu’on ne boycotte pas les élections », les vrais raisons étant en réalité inavouables. A chaque fois, le régime avait utilisé cette participation pour se légitimer devant l’opinion internationale, cependant que l’opposition parlementaire issue de ces élections s’est toujours trouvée impuissante à faire avancer la lutte d’opposition pour la démocratie et le développement.
5– C’est la même situation qui se présente aujourd’hui avec ces élections du 20 décembre. Plus que jamais, la seule position politique conséquente, que chaque opposant doit prendre vis-à-vis de ce scrutin est le boycott, c’est-à-dire le refus d’aller voter.
C’est la position que le Bureau Exécutif National de la CDPA-BT recommande aux membres du Parti. C’est la position que la CDPA-BT souhaite voir tous ses sympathisants prendre pour le bien du pays. C’est enfin la position que la CDPA-BT propose à chaque citoyen soucieux d’un meilleur devenir pour le Togo.
Ce boycott que notre Parti aussi propose à tous, n’est pas une fin en soi. Il fait partie intégrante de la lutte d’opposition pour une gestion démocratique de l’Etat dans le pays.
Fait à Lomé le 01 Décembre 2018
Pour le Bureau Exécutif National
Le Premier Secrétaire du Parti.